Les six points-clés de l’écoconception des services numériques

1 - Comprendre les enjeux et choisir de se montrer à la hauteur 

Selon la définition citée par le ministère de l’écologie, « l’écoconception consiste à intégrer la protection de l’environnement dès la conception des biens ou services. Elle a pour objectif de réduire les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie. » Cette définition s’applique notamment aux projets numériques – qui se matérialisent essentiellement sous la forme de sites web ou d’API. Selon le rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du numérique pourraient en effet augmenter de 60 % d’ici à 2040, représentant alors 6,7 % des émissions nationales. De plus, l’impact environnemental ne s’arrête pas aux GES. Pour répondre à ces enjeux, certains acteurs sont tentés de pratiquer le greenwashing, d’autant plus qu’il est aisé d’avancer des chiffres erronés sur l’empreinte carbone d’un site web, bien moins visible que le respect du RGAA (critères d’accessibilité) ou même du RGPD. L’écoconception nécessite donc une volonté forte et un effort important.

2 - Prendre connaissance des prémisses de la réglementation (loi REEN) 

La mission interministérielle numérique responsable (copilotée par la Direction interministérielle du numérique, le Ministère de la Transition Écologique, l’ADEME et l’Institut du Numérique Responsable) a publié en 2021 le Référentiel général d'écoconception de services numériques (RGESN). Ce document ne contient pour l’instant que des recommandations sous la forme de questions/réponses très concrètes. Mais il a servi de base à la loi REEN (Réduire l’empreinte environnementale du numérique) promulguée le 15 novembre 2021. Celle-ci prévoit d’imposer, à partir de 2024, le respect d’au moins une partie des recommandations du RGESN lors de la conception des sites web. 

3 - Privilégier une vision de bout en bout 

Le cycle de vie d’un site web comprend l’expression des besoins, la conception, le développement, le déploiement et l’exploitation, voire la fermeture du service. Ces étapes sont interdépendantes. Par exemple, le choix des technologies de développement – langage, plateforme, type de base de données – aura un impact fort sur les ressources nécessaires en phase de production. Il en ira de même pour l’architecture du projet – centralisée ou distribuée, avec ou sans caches, avec ou sans redondances. À chaque étape, il faut chercher toutes les causes d’impact environnementales. En particulier, en phase de production, on prendra en compte non seulement l’impact environnemental des infrastructures (serveurs et réseaux) mais aussi celui des terminaux fixes et mobiles. En effet, toujours selon le rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat, les terminaux représenteraient en France 70 % de l’empreinte carbone du numérique. Concrètement, un site web éco conçu ne devra par exemple pas imposer l’achat de terminaux récents pour sa consultation. 

4 - Inscrire l’écoconception dans un cadre bien plus vaste 

Dans la mesure où l’écoconception concerne toutes les phases d’un projet, elle ne peut s’affranchir d’autres aspects comme la sécurité, la protection des données, l’optimisation des performances, l’accessibilité, la création de contenus ou le SEO. Toutes les personnes impliquées – chefs de projets, architectes, RSSI, développeurs, designers, créateurs de contenus – doivent donc se concerter et passer par un même contrôle des processus de conception, de développement et de production. Par exemple, la bibliothèque de composants du Design System doit répondre simultanément aux contraintes d’accessibilité et environnementales. Les exigences sont souvent interdépendantes, avec tantôt une synergie, tantôt une opposition. Ainsi, quand l’écoconception simplifie un site web ou allège les contenus, elle concourt à augmenter les performances en phase de production (ou à réduire les ressources nécessaires). De même, quand elle permet de supporter les connexions bas débit et les terminaux jugés obsolètes, elle concourt à réduire la fracture numérique. Mais à l’inverse, l’écoconception représente, en phase de développement, un effort supplémentaire potentiellement synonyme de GES supplémentaires, ou peut réduire les performances, par exemple si l’on choisit de prolonger la durée de vie de serveurs anciens. Il faut alors chercher le bon compromis. 

5 – Simplifier et optimiser le site web et ses contenus 

Sans attendre l’application de la loi REEN, il est possible d’appliquer des recommandations techniques qui concernent l’ensemble de la chaine, du navigateur aux serveurs en passant par le réseau et l’accès aux données. En voici un aperçu : 

  • Simplifier le site web au maximum en conservant seulement les fonctionnalités essentielles et en adoptant un design et une charte graphique épurés. 
  • Les CMS sont gourmands en ressources. Les sites les plus simples peuvent se contenter du HTML statique, tandis que les plus complexes peuvent être développés avec un Framework.  Si le choix se porte quand même sur un CMS, on évitera d’installer un thème lourd et de nombreux plugins. 
  • Limiter le trafic entre le navigateur et les serveurs en stockant localement les données, en réduisant le nombre de requêtes HTTPS et en limitant la durée des sessions. 
  • Privilégier le « mobile first » et ne choisir le responsive design que lorsque l’usage d’un grand écran est vraiment pertinent. 
  • Adapter les contenus avant leur mise en ligne en redimensionnant, compressant ou synthétisant les textes, PDF, images et autres vidéos. Certaines solutions permettent également d’adapter dynamiquement le contenu au type de terminal et aux conditions de navigation. 
  • Réduire les traitements serveurs et le trafic réseau en activant tous les niveaux de cache possibles (CMS, navigateur, applicatifs dont le moteur de templates ou le cache ORM, bases de données) ou encore en réduisant le nombre de requêtes vers les bases de données. 

6 – Choisir un hébergement sobre et vert 

Le choix de l’hébergement est par ailleurs essentiel. On optera pour une offre affichant le Power Usage Effectiveness (PUE) le plus faible possible. Cet indicateur d’efficacité énergétique des datacenter prend en compte la consommation des serveurs et des équipements réseaux, ainsi que celle des systèmes de refroidissement. Mais il ignore la réutilisation de la chaleur produite par le datacenter, ainsi que la source d’énergie du datacenter (électricité plus ou moins verte) – deux points sur lesquels on sera donc également attentif. Certains hébergeurs fournissent toutes ces informations, datacenter par datacenter. D’autre part, on optera pour l’usage d’un CDN et pour le stockage des données statiques dans le cloud. Enfin, on évitera de surdimensionner l’hébergement en l’ajustant non seulement à sa charge, mais aussi au niveau de qualité de service et de disponibilité que requiert réellement le site web. 

Florian Lamboley, Directeur Technique chez Almavia CX 

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